DES RETRAITES DESIRENT RETOURNER EN AFRIQUE

Les voyages sur l’Afrique vous ouvrent les yeux sur la véritable signification de la liberté et de l’aventure

Ernest Hemingway

Femme Africaine à l’aéroport/Illustratif

Alors que l’Afrique continue de subir des transformations sociales, politiques et économiques rapides, un nombre croissant de retraités africains sont confrontés à la décision de revenir sur leur continent ou de continuer à vivre à l’étranger. Cette tendance marque un changement dans les conceptions traditionnelles de la retraite pour de nombreux Africains. Cet état des choses s’explique par le fait qu’ils naviguent sur la complexité de l’identité, de l’appartenance et contribuent au développement de leur pays d’origine. Dans les lignes suivantes, nous explorerons l’éventail des attitudes des retraités africains à l’égard du retour en Afrique, en examinant trois perspectives distinctes au sein de la communauté des expatriés africains.

Des retraités aspirent à revenir en Afrique

La première perspective dans laquelle nous nous pencherons est celle des retraités africains qui se sentent obligés de contribuer au développement de l’Afrique avec leur expertise et leurs ressources. Ces personnes possèdent souvent des compétences et des connaissances précieuses acquises par leurs expériences acquises des années durant à l’étranger. Et elles considèrent le retour en Afrique comme un moyen de redonner à leurs communautés et d’aider à propulser le continent vers l’avant. Ainsi ils peuvent impulser des carrières réussies dans des domaines tels que la médecine, la finance, l’entreprenariat ou la technologie. Alors ils peuvent se sentir obligés d’utiliser leur expertise pour élever leur pays d’origine.

Le Dr Adebayo, chirurgien nigérian retraité, a passé plus de trois décennies à pratiquer la médecine aux États-Unis. À sa retraite, le Dr Adebayo a pris la décision de retourner au Nigéria. Et il a alors localement créé une organisation à but non lucratif visant à fournir des soins médicaux gratuits aux communautés mal desservies. Il estimait que ses compétences et ses ressources pouvaient avoir un impact significatif sur la lutte contre les disparités en matière de soins de santé dans son pays d’origine. En outre, il était motivé par un sens profond de la responsabilité envers l’amélioration de la vie de ses compatriotes nigérians.

Des retraités disent “non” au retour en Afrique  

À l’autre bout du spectre, il y a des retraités africains qui préfèrent continuer leur vie à l’étranger en raison d’un décalage avec les réalités africaines. Ces personnes ont peut-être vécu à l’étranger pendant une partie importante de leur vie. Par conséquent, elles sont devenues habituées à un certain niveau de vie et de confort qu’elles trouvent difficile à reproduire en Afrique. Elles peuvent aussi exprimer des réserves sur l’instabilité politique, la corruption et le manque d’infrastructures dans leur pays d’origine. Donc ces manquements les dissuadent de revenir de façon permanente.

Un exemple de cette perspective est Mme Kisongo, une retraitée congolaise qui réside en Belgique depuis 20 ans. Malgré ses liens étroits avec son pays d’origine grâce à des visites régulières et à la participation d’organisations de la diaspora, Mme Kisongo n’a pas l’intention de rentrer définitivement au Congo. Elle cite le système de santé peu fiable, les pannes d’électricité fréquentes et les possibilités d’emploi limitées comme facteurs qui la confortent dans sa décision de rester à l’étranger. Néanmoins, tout en reconnaissant l’importance de soutenir les efforts de développement au Congo, elle estime que ses contributions peuvent être plus efficaces à distance. Aussi cette position s’apparente-t-elle un peu à celle d’un troisième groupe de travailleurs africains de l’étranger.

Partager à distance des connaissances et appuyer par des voyages de suivi

Enfin, il y a des retraités africains qui prônent un équilibre entre rester à l’étranger et s’engager périodiquement avec l’Afrique. Ces personnes reconnaissent les avantages de vivre dans un pays développé, comme l’accès à des soins de santé de qualité, à l’éducation et aux infrastructures. Parallèlement, ces personnes reconnaissent les liens culturels et familiaux qui les unissent à leur continent d’origine. Ils peuvent partager leur temps entre l’Afrique et leur pays de résidence, participer à des projets bénévoles à court terme, investir dans des entreprises ou soutenir des initiatives locales de loin. Par ailleurs, ils s’engagent à partager leurs connaissances avec l’Afrique et passer ensuite quelques moments sur le terrain pour suivre la mise œuvre de leurs idées partagées avec les frères et sœurs restés sur le continent.

M. N’Diaw, un retraité sénégalais vivant en France, illustre cette perspective. Malgré le confort et la commodité de la vie en Europe, M. N’Diaw reste profondément lié au Sénégal et participe activement à divers projets de développement communautaire dans sa ville natale. Il croit qu’il importe de maintenir un lien étroit avec ses racines tout en tirant parti des possibilités offertes dans un pays plus développé. M. N’Diaw considère sa double résidence comme un moyen de combler l’écart entre les deux mondes et de contribuer au progrès du Sénégal. Aussi pense-t-il par ce moyen susciter des émules tant sur le plan local que dans la diaspora où il partage volontiers ces opinions avec les compatriotes restés hors du continent.

En fin de compte, les attitudes des retraités africains à l’égard du retour en Afrique sont multiples et nuancées, reflétant la diversité des expériences et des perspectives au sein de la communauté expatriée. Alors que certains retraités se sentent fortement tenus de contribuer au développement de l’Afrique avec leurs compétences et leurs ressources, d’autres préfèrent maintenir leur vie à l’étranger en raison d’un décalage avec les réalités africaines. Il y a aussi ceux qui plaident en faveur d’une approche équilibrée, s’engageant périodiquement avec l’Afrique tout en bénéficiant des avantages de vivre dans un pays plus développé. Finalement, la décision de retourner en Afrique est profondément personnelle, marquée par des circonstances, des valeurs et des aspirations individuelles. Pendant que les pays africains continuent d’évoluer et de progresser, il est essentiel que les retraités réfléchissent à leurs propres motivations et objectifs afin de faire des choix éclairés et pertinents pour eux-mêmes et leurs communautés. C’est à ce prix, qu’ils pourront contribuer efficacement à appuyer le développement du berceau de l’humanité.